À première vue, il peut être difficile de faire la distinction entre les Vietnamiens et les Chinois, car leurs traits peuvent sembler similaires. Pourtant, en observant de plus près, des différences apparaissent, que ce soit dans la forme du visage, l’expression du regard ou même la manière de parler et de se déplacer. Que ce soit lors d’une rencontre ou au détour d’une rue animée, certains détails permettent de les distinguer. Voici quelques éléments pour vous aider à y voir plus clair.
Apparence physique
Bien que les Vietnamiens et les Chinois partagent des origines asiatiques, leurs traits physiques présentent des distinctions notables.
Les Chinois, notamment ceux du nord, ont souvent un visage plus large et anguleux, avec des pommettes saillantes et une structure osseuse marquée. Leurs yeux sont généralement plus petits et plus fins, souvent avec une paupière unique, ce qui leur donne un regard plus perçant. Leur nez est plus haut et droit, tandis que leurs lèvres sont plus fines. Leur morphologie est aussi plus robuste et imposante, avec une ossature développée.
Les Vietnamiens, en revanche, ont un visage plus ovale et allongé, avec des traits plus délicats et une mâchoire moins anguleuse. Leurs yeux sont plus ronds et plus ouverts, avec une double paupière plus courante, ce qui donne un regard plus expressif. Leur nez est plus petit et plus arrondi, et leurs lèvres sont souvent plus charnues, renforçant une apparence plus chaleureuse. En termes de morphologie, ils sont généralement plus fins et élancés, avec une silhouette plus légère.
En plus, les différences entre les vietnamiens et les chinois s’observent également dans la prononciation. Les Chinois articulent davantage et produisent des sons plus appuyés, tandis que les Vietnamiens ont une diction plus fluide et nasale, avec des mouvements de lèvres plus discrets, donnant une sonorité plus douce et mélodieuse.

Langue et écriture
Le vietnamien et le chinois sont deux langues distinctes, bien qu’elles partagent certaines similitudes, notamment leur caractère tonal. Le vietnamien possède six tons, tandis que le mandarin en a quatre. Ces différences tonales influencent fortement la prononciation et la signification des mots. Par exemple:
- En vietnamien : ma peut signifier mère (má), fantôme (ma), cheval (mã), etc., selon le ton utilisé.
- En mandarin : mā (妈) signifie maman, má (麻) signifie chanvre, mǎ (马) signifie cheval, et mà (骂) signifie gronder.
Ces variations tonales donnent à chaque langue une musicalité unique.
Au-delà des tons, la prononciation et l’articulation diffèrent nettement. Comme nous disons, les Vietnamiens utilisent davantage de sons nasalisés et de voyelles ouvertes, ce qui confère à leur langue un aspect plus “chantant”. Le fameux son ng en début de mot, omniprésent en vietnamien (người, ngon), est quasiment inexistant en mandarin. À l’inverse, les locuteurs chinois articulent avec des consonnes plus marquées et un débit souvent plus rythmé, notamment avec des sons rétroflexes (zh, ch, sh) caractéristiques du mandarin.
Mais la différence la plus visible entre les vietnamiens et les chinois reste l’écriture. Tandis que le mandarin s’appuie toujours sur les sinogrammes, un système complexe nécessitant des années d’apprentissage, le vietnamien utilise aujourd’hui l’alphabet latin modifié, connu sous le nom de quốc ngữ. Cette évolution date du XVIIe siècle, lorsque des missionnaires européens ont introduit un système de transcription phonétique qui s’est progressivement imposé, remplaçant l’usage des caractères chinois (Hán tự et Nôm). Résultat ? Apprendre à lire et écrire le vietnamien est bien plus accessible que le mandarin, qui demande de mémoriser des milliers de caractères.
Une autre différence surprenante réside dans la place des langues étrangères. Au Vietnam, l’anglais est largement enseigné et couramment utilisé dans les grandes villes et les zones touristiques. Il est fréquent de croiser de jeunes Vietnamiens capables de tenir une conversation en anglais, ce qui n’est pas toujours le cas en Chine, où la barrière linguistique peut être plus marquée, notamment hors des grandes métropoles comme Pékin ou Shanghai.

Gastronomie
La cuisine est un élément essentiel de l’identité culturelle, et lorsqu’on compare les Vietnamiens et les Chinois, on remarque des différences significatives dans leur approche culinaire. La cuisine chinoise se distingue par sa richesse en épices, ses plats copieux et ses techniques de cuisson variées, tandis que la cuisine vietnamienne privilégie l’équilibre des saveurs, la fraîcheur des ingrédients et une utilisation modérée des matières grasses.
Saveurs et ingrédients
L’une des principales différences réside dans l’usage des épices et des condiments. Les Chinois utilisent souvent des sauces fortes comme la sauce soja, l’huile d’huître ou les épices telles que l’anis étoilé et la cannelle, ce qui donne aux plats une saveur intense et marquée. Par exemple, la cuisine du Sichuan est célèbre pour son piquant, tandis que la cuisine cantonaise mise sur le sucré-salé.
En revanche, les Vietnamiens recherchent davantage une harmonie entre le sucré, l’acide, l’amer, le salé et l’umami. Les plats sont souvent relevés avec de la sauce de poisson, du citron vert, du gingembre, de la citronnelle ou des herbes fraîches comme la coriandre et la menthe. Cette approche apporte une certaine légèreté et met en valeur le goût naturel des aliments.

Techniques de cuisson
La cuisine chinoise est connue pour ses techniques de cuisson sophistiquées et variées : friture, braisage, cuisson à la vapeur, sautés rapides au wok ou encore la cuisson à l’étouffée. Les Chinois ont aussi une grande tradition de pâtisseries à base de farine de blé, comme les raviolis (饺子), les brioches vapeur (包子) ou les nouilles sautées. Un plat emblématique est le canard laqué de Pékin, qui demande un long processus de préparation pour obtenir une peau croustillante et une chair juteuse.
À l’inverse, les Vietnamiens privilégient des modes de cuisson plus simples et légers, comme la cuisson à la vapeur, le bouillon et les plats sautés avec peu d’huile. Les nouilles de riz et le riz sont les bases essentielles de nombreux plats, contrairement aux pâtes à base de blé plus courantes en Chine. Le phở, soupe emblématique du Vietnam, est un exemple parfait de cette cuisine délicate, avec son bouillon longuement mijoté mais dépourvu de gras excessif.

Culture et habitudes alimentaires
Dans la culture chinoise, le repas est un moment de partage où tous les plats sont disposés au centre de la table pour être dégustés collectivement. Il est courant que les Chinois portent un toast en trinquant bruyamment et utilisent des baguettes longues pour attraper les aliments.
Chez les Vietnamiens, la convivialité du repas est tout aussi importante, mais la manière de le consommer diffère légèrement. Chaque convive a son propre bol et les plats sont souvent accompagnés d’une sauce à partager, comme la célèbre sauce nuoc-mam. Le repas est souvent plus calme et axé sur la dégustation, avec des gestes plus délicats.
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Tenues
Les styles vestimentaires des Vietnamiens et des Chinois reflètent leurs traditions culturelles distinctes, tout en intégrant des influences modernes.
En Chine, les tenues traditionnelles varient selon les dynasties et les régions. Le hanfu, porté par les Hans, se caractérise par de longues robes amples aux manches larges, souvent ornées de broderies raffinées. Le qipao (ou cheongsam), plus ajusté et élégant, est devenu emblématique, notamment chez les femmes. Aujourd’hui, les Chinois adoptent une mode urbaine influencée par l’Occident, privilégiant des coupes modernes et des couleurs sobres, bien que certains vêtements traditionnels restent portés lors des fêtes ou des cérémonies.
Au Vietnam, la tenue traditionnelle la plus reconnaissable est l’áo dài, une robe longue et fluide portée par les femmes, souvent confectionnée en soie et accompagnée d’un pantalon. Son design épuré et ses motifs délicats lui confèrent une grande élégance. Pour les hommes, l’áo gấm, une tunique en brocart, est portée lors d’événements formels. Contrairement à la Chine, où les habits traditionnels sont moins courants au quotidien, l’áo dài reste largement porté, notamment par les étudiantes et les hôtesses dans les lieux officiels.
Dans la mode quotidienne, les Vietnamiens préfèrent souvent des motifs floraux simples et des couleurs douces, tandis que les Chinois optent généralement pour des vêtements aux motifs plus ornés et aux couleurs vives, notamment le rouge et le doré, qui sont associés à la prospérité et à la chance.


Coutumes et traditions
Les Vietnamiens et les Chinois conservent des coutumes et traditions distinctes, particulièrement visibles lors des fêtes importantes. Par exemple, pendant le Têt Nguyên Đán, les Vietnamiens ont l’habitude de faire des offrandes le soir du réveillon, de pratiquer le rite du « xông đất » (premier visiteur de l’année), d’offrir des étrennes, et de décorer leur maison avec des fleurs de pêcher, d’abricotier et des kumquats, tout en préparant des plats traditionnels tels que le bánh chưng et le bánh tét. En revanche, les Chinois ont pour coutume de coller des distiques rouges, d’accrocher le caractère “Phúc” (福), de faire éclater des pétards, et de déguster des raviolis (sủi cảo – 饺子) le soir du réveillon, symbole de prospérité. Ces traditions peuvent être facilement observées dans les foyers chinois des quartiers 5 et 6 de Saïgon, ainsi que dans certaines provinces du sud-ouest du Vietnam, où vivent de nombreuses communautés vietnamiennes d’origine chinoise.
Les différences culturelles se retrouvent également dans les cérémonies de mariage. Le mariage traditionnel vietnamien comprend plusieurs étapes comme les fiançailles, la cérémonie d’offrande des présents et la procession nuptiale, avec des offrandes symboliques telles que des feuilles de bétel et de noix d’arec, ainsi que des gâteaux « phu thê », représentant l’union et la fidélité. De leur côté, les mariages traditionnels chinois se distinguent par la robe rouge de la mariée, son visage couvert d’un voile rouge, l’offrande de gâteaux de lune rouges (bánh pía) et la procession nuptiale en palanquin, conférant une grande solennité à l’événement.

Dans le domaine spirituel, il existe quelques différences entre les Vietnamiens et les Chinois. Les Vietnamiens attachent une grande importance au culte des ancêtres, au Génie du Sol (Ông Địa) et au Dieu de la Richesse (Thần Tài). Ils pratiquent également le rituel du brûlage de papiers votifs lors de la mi-juillet lunaire, en hommage aux défunts.
Les Chinois partagent cette tradition mais y intègrent des éléments de Feng Shui et de Bazi (八字) dans l’organisation de leur maison et le choix des dates propices aux événements importants. Ainsi, bien que ces cultures présentent des similitudes, les Vietnamiens privilégient une approche chaleureuse et familiale, tandis que les Chinois valorisent davantage la rigueur et le respect des codes traditionnels.


Communication et les interactions culturelles
Au-delà des traditions, les Vietnamiens et les Chinois ont également des styles de communication et des codes sociaux distincts. Les Vietnamiens privilégient une approche douce et discrète, manifestant le respect à travers le langage et les gestes. Lorsqu’ils reçoivent un compliment, ils ont tendance à répondre avec modestie, tandis que les Chinois se montrent plus directs et enclins à accepter ouvertement les éloges.
À table, les Vietnamiens mangent lentement, veillant aux bonnes manières, évitant de planter leurs baguettes dans leur bol ou de prendre les plats trop rapidement. En revanche, les Chinois ont l’habitude de trinquer bruyamment et d’échanger joyeusement lors des repas, créant une atmosphère conviviale et animée.
Enfin, les salutations varient également. Les Vietnamiens s’inclinent légèrement ou hochent la tête, tandis que les Chinois préfèrent serrer la main ou donner une légère tape sur l’épaule en signe d’amitié.
Nos derniers mots,
Bien que la Chine et le Vietnam soient des pays voisins avec une longue histoire commune, leur culture et leur langue ont évolué de manière distincte au fil du temps. L’influence chinoise sur le Vietnam est indéniable, mais chaque pays a su développer ses propres traditions et son identité unique.
Nous espérons que cet article vous a permis de mieux comprendre les différences entre les Vietnamiens et les Chinois !
Hieu Tuyen (Aucoeurvietnam – Agence de voyage locale au Vietnam)