La chique de bétel et les histoires intéressantes liées à la culture vietnamienne

Pourquoi les femmes vietnamiennes d’autrefois avaient-elles les dents noires et le sourire rouge ?” Et pourquoi, lors des mariages, voit-on toujours ces petits plateaux de feuilles de la chique de bétel vertes et de noix d’arec brunes ?”

Ces questions, beaucoup de voyageurs les posent pour notre guide au fil de leur découverte du Vietnam. Et peut être, vous aussi, si vous lisez ces lignes, vous avez également cette même curiosité.

La réponse sera révélée dans l’article ci-dessous profondement. En derrière ces petits détails du quotidien se cache en informations intéressantes reliant à la culture vietnamienne. Découvrez ensemble!!

La chique de bétel est toujours le début de la conversation

Autrefois, avant que le café ou le thé ne deviennent les boissons conviviales d’aujourd’hui, le bétel était le symbole de l’hospitalité vietnamienne. Quand un visiteur entrait dans la maison, la première chose que faisait l’hôte n’était pas d’offrir un verre d’eau, mais une chique de bétel.

Autrefois, chaque foyer possédait une boîte à bétel, soigneusement gardée comme un petit trésor. À l’intérieur avec des feuilles vertes soigneusement pliées, quelques noix d’arec, un peu de chaux blanche, un petit couteau fin et un long bâtonnet pour mélanger.

Chaque fois qu’un invité visiter la maison, le maître des lieux préparait aussitôt une chique de bétel pour l’offrir. Cette coutume était particulièrement vivante dans le Nord du pays, où le bétel faisait partie du langage de la politesse.

Lorsqu’il s’agissait d’un visiteur d’âge moyen, l’hôte lui tendait directement une chique fraîchement préparée — à mâcher lentement pour en savourer le goût légèrement piquant et parfumé. Mais si le visiteur était une personne âgée, on déposait la chique dans un petit tube appelé ống ngoáy, pour l’attendrir avant de la mâcher.

Après avoir dégusté quelques chiques de bétel, les conversations s’animaient toujours : on riait, on se racontait des nouvelles, on prenait des nouvelles de la santé des uns et des autres.

Un détail fascinant de la culture du bétel au Vietnam : il suffisait autrefois de regarder les dents pour deviner si une personne venait de commencer à mâcher du bétel ou si elle le faisait depuis longtemps.  Les nouvelles consommatrices avaient généralement des dents noires, brillantes et uniformes, signe de jeunesse et de soin. Quant à celles qui mâchaient du bétel depuis de nombreuses années, leurs dents prenaient une teinte plus foncée, parfois nuancée de rouge brun près des gencives — symbole de maturité et d’expérience.

La chique de bétel est la présente esthétique & symbole de la féminité vietnamienne

Different dans l’Europe, les femmes utilisent le rouge à lèvres pour se faire belles, les Vietnamiennes d’autrefois mâchaient le bétel pour rehausser leur charme, leur élégance, leur douceur et leur maturité. Un sourire teinté de rouge devenait le symbole d’une beauté sereine et d’une sagesse intérieure, tandis que la teinte noire des dents reflétait la discrétion et la vertu.

Bien qu’on parle souvent des femmes qui “mangent du bétel”, les hommes vietnamiens partageaient aussi ce plaisir, encore présent aujourd’hui chez les personnes âgées, notamment dans les zones rurales, à partir de 70 ou 80 ans.

La mastication du bétel n’obéit à aucun moment précis de la journée : on en mâche lorsqu’on s’ennuie, lorsqu’on rend visite à un ami ou un voisin, ou simplement pour le plaisir.

Son goût est à la fois piquant, amer et légèrement chaud ; consommé en quantité, il peut même provoquer une légère ivresse, comme disent les Vietnamiens.

Si vous voyagez au Vietnam, n’hésitez pas à essayer une chique : c’est une belle manière de s’immerger dans la vie locale et de découvrir une tradition encore vivante.

La chique de bétel est symbole d’amour fidèle et d’union éternelle des couples

Au Vietnam, on dit souvent que « la chique de bétel fait naître le charme et unit les cœurs ». Derrière cette expression se cache une légende que tous les Vietnamiens connaissent : l’histoire du trầu cau, une belle parabole sur l’amour, la fidélité et les liens familiaux.

L’histoire raconte qu’il y avait autrefois deux frères qui s’aimaient profondément et vivaient en parfaite harmonie. L’aîné épousa une femme douce et vertueuse. Mais un jour, la jeune épouse, par erreur, prit le cadet pour son mari. Honteux et peiné, le jeune frère quitta la maison. Il marcha longtemps, le cœur brisé, jusqu’à mourir de chagrin au bord d’une rivière. Son corps se transforma en un rocher blanc.

Ne voyant pas revenir son frère, l’aîné partit à sa recherche, et, découvrant le rocher, il s’assit à côté et pleura tant qu’il finit par mourir à son tour. Il devint alors un arequier, un arbre au tronc droit et fidèle. La jeune épouse, en apprenant la mort des deux hommes, se jeta à son tour dans la rivière et fut transformée en feuille de bétel, fine et parfumée, qui s’enroule autour du tronc de l’arbre comme pour lui rester unie pour toujours.

Depuis, les Vietnamiens mâchent ensemble le bétel (trầu) et la noix d’arec (cau), unis par un peu de chaux blanche — symboles de ces trois destins liés à jamais : la pierre, l’arbre et la feuille. Cette union représente la fidélité, la sincérité et l’amour éternel entre les époux, mais aussi la chaleur des liens humains.

C’est pourquoi, dans les cérémonies de mariage traditionnelles vietnamiennes, le plateau de la chique de bétel est toujours présenté en premier. Ce n’est pas un simple choix décoratif, mais une obligation rituelle : le bétel et la noix d’arec sont le signe d’un mariage béni, d’une union sincère et durable.

Dans la cérémonie de la mariage, le bétel et la noix d’arec symbolisent le respect et la sincérité que la famille du marié adresse à celle de la mariée. Et souvent, apres fini, la coutume veut que la famille de la mariée rende à son tour la moitié du plateau offert. Ce geste représente l’harmonie, la réciprocité et l’union éternelle entre les deux familles.

Chaque plateau contient généralement 101 chiques de bétel, tandis que le nombre de noix d’arec varie — 60, 80 ou 105 — selon les souhaits et les croyances. Ces chiffres portent des significations profondes : “cent ans de bonheur”, amour accompli et prospérité durable.

Avez-vous déjà été curieux(se) de savoir comment on fait et mange le bétel au Vietnam ?

Il existe plusieurs façons de le préparer, chacune reflétant la région, le goût et même la personnalité de celle ou celui qui le fait. Mais en général, le plus simple facon pour faire est:

1. Choisir la feuille de bétel : prendre une feuille fraîche et entière, côté brillant vers l’extérieur.

2. Étaler la chaux : appliquer une fine couche de chaux comestible sur la face intérieure de la feuille.

3. Ajouter le fruit d’arec : couper le fruit en petits morceaux et les déposer sur la feuille.

4. Rouler le bétel : plier la feuille pour envelopper le fruit, former un petit paquet facile à tenir.

5. Mâcher : savourer lentement pour ressentir le goût épicé de la feuille, l’amertume du fruit et la fraîcheur de la chaux.

Astuce : vous pouvez ajouter un peu de tabac ou d’épices selon la tradition pour un goût plus authentique.

Dans le Nord, la feuille est pliée en triangle élégant — symbole de raffinement ; dans le Centre, la présentation se veut fine et soignée – un peu selon la mode de royal ; tandis que dans le Sud, on préfère la simplicité et la générosité.

Autrefois, savoir “têm trầu” était considéré comme un art, un signe de délicatesse et de savoir-vivre. Dans les mariages, on choisit souvent la forme “cánh phượng” (ailes de phénix), symbole d’amour fidèle et de grâce, tandis que la forme carrée est réservée aux offrandes lors des cérémonies ancestrales.

Et comment le mâcher ?

Ce n’est ni facile ni difficile. La chique se place entre la joue et les dents, puis on mâche lentement pour libérer la saveur piquante et aromatique. Le jus rouge est recraché — mais pas jamais en public, par respect des convenances — souvent dans un petit bol prévu à cet effet.

Après avoir mâché le bétel, on utilisait aussi un petit morceau de noix d’arec pour se nettoyer les dents : une manière traditionnelle de garder une bouche saine et un sourire éclatant.

Nos derniers mots, 

La culture vietnamienne est un véritable kaléidoscope de traditions, de couleurs et de saveurs. Derrière chaque coutume se cache une histoire, une émotion, une philosophie de vie. Parmi elles, la chique de bétel — ce simple mélange de feuille et de noix — reste l’un des symboles les plus fascinants, reliant passé et présent.

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Hieu Tuyen (Aucoeurvietnam – Agence de voyage locale au Vietnam)