Sur la religion
Le Vietnam est un pays laïque, mais compte l’une des plus grandes populations de catholiques d’Asie du Sud-Est. L’histoire du catholicisme au Vietnam vit le jour lors de l’arrivée des missionnaires européens au XVIème siècle, et ainsi débuta une histoire complexe et riche marquée par des périodes de persécution et de prospérité.
Protection et expansion
Pendant l’époque de la colonisation française et la mise en place de l’Indochine française, les catholiques vietnamiens ont bénéficié d’un soutien particulier de la part des autorités coloniales.
Les Français ont financé la construction de plusieurs édifices religieux, tels que la cathédrale Notre-Dame de Saigon, la cathédrale Saint-Joseph de Hanoï, la cathédrale de Pierre à Nha Trang, et la cathédrale Domaine de Marie à Dalat. Toutes construites durant l’époque de la colonisation, ces cathédrales sont des symboles durables de l’influence française au Vietnam.
Éducation religieuse
Les missionnaires français n’ont pas seulement apporté la religion catholique, mais aussi fait construire des écoles combinant enseignement, religion et laïcité qui offraient une éducation de haute qualité. Ces écoles dirigées, par des Français, ont formé de nombreux prêtres et religieux vietnamiens, assurant la continuité de l’expansion de la religion catholique.
Influence culturelle et sociale
Les fêtes religieuses sont introduites dès l’arrivée des missionnaires au Vietnam, et puis, par la suite, s’est popularisé aussi avec les missionnaires. Les fêtes chrétiennes telles que Noël et Pâques sont désormais célèbres de manière significative. Ainsi, d’autres rites catholiques sont intégrés dans la culture religieuse vietnamienne tels que la messe le dimanche.
L’influence française sur la religion catholique au Vietnam a laissé une marque qui perdure dans le temps, touchant de nombreux aspects de la vie religieuse, culturelle et sociale. Aujourd’hui, cet héritage autrefois vu comme une menace, continue de vivre à travers les communautés catholiques vietnamiennes, tant au Vietnam qu’à l’étranger.
Sur la linguistique
Passage à l’alphabet latin
L’alphabet vietnamien « chu quoc ngu » d’aujourd’hui est devenu officiel seulement en 1954. Il a vu le jour au XVIIeme siècle, grâce aux missionnaires jésuites venant d’Europe et voulant évangéliser la population locale. Le jésuite français Alexandre de Rhodes, personnage important du « quo-ngu », est celui qui a le plus contribué à améliorer et à promouvoir les transcriptions de ces prédécesseurs .
Cette romanisation de l’écriture est un succès total, qui reste surprenant dans un monde où l’influence chinoise était très présente, car les vietnamiens utilisaient les caractères chinois, et seule l’élite de la société savaient écrire. Les lettrés vietnamiens voyaient ça comme un moyen pour lutter contre l’analphabétisme du fait que les caractères chinois sont trop complexes à apprendre.
Vocabulaire
De nombreux mots français ont été intégrés au vocabulaire vietnamien et sont encore utilisés dans la vie quotidienne. Par exemple, certains fruits, comme la pomme, se disent de la même manière dans les deux langues. Ce lexique, influencé par la langue française, est couramment employé dans la vie de tous les jours. On estime qu’il existe entre 500 et 600 mots franco-vietnamiens, dont la majorité concerne des domaines tels que la mécanique, les véhicules, ou la cuisine.
Sur la gastronomie
La cuisine vietnamienne, reconnue mondialement pour sa diversité, son équilibre des saveurs et l’utilisation d’ingrédients frais, a été influencée par plusieurs cultures, notamment par la culture française en raison de la colonisation. Cette période a laissé une empreinte durable sur la cuisine vietnamienne, créant une fusion unique de saveurs et de techniques culinaires.
L’introduction de nouveaux ingrédients par les Français a enrichi la cuisine vietnamienne. Par exemple, les produits laitiers, qui n’étaient pas courants au Vietnam avant la colonisation, ont été intégrés. Toutefois, l’importation la plus emblématique reste la baguette. Grâce à cette introduction, le « banh mi », célèbre sandwich vietnamien, est né et a été maintes fois désigné comme l’un des meilleurs sandwiches au monde.
Les Français ont également introduit plusieurs techniques culinaires au Vietnam, modifiant ainsi la manière dont les Vietnamiens préparaient leurs plats. Des techniques de cuisson lente, comme le braisage et le ragoût, ont été adoptées et adaptées. Par exemple, le « bo kho« , un ragoût de bœuf vietnamien, utilise des techniques de braisage similaires à celles des ragoûts français.
Sur la mode
Les Français ont également influencé la mode vietnamienne, conséquence directe de la période de la colonisation française. Durant cette époque, une fusion des styles vestimentaires occidentaux et traditionnels vietnamiens a émergé, donnant naissance à des tendances uniques qui perdurent encore aujourd’hui. Cette interaction culturelle a enrichi le paysage de la mode au Vietnam, créant des vêtements qui mêlent élégance occidentale et esthétique vietnamienne traditionnelle.
Vêtements pour femmes
On a là une modernisation et démocratisation de ce vêtement traditionnel dès le début du XXème siècle par des designers combinant de la mode française avec des motifs et le tissu vietnamien.
Au fur à mesure du temps, les femmes vietnamiennes de classes supérieures ont commencé à porter des robes européennes, surtout lors des fêtes et d’évènements sociaux. Ces robes sont souvent faites en soie, et suivaient les dernières tendances parisienne. Ainsi les blouses et les jupes occidentales ont intégré les gardes-robes des vietnamiennes.
Vêtements pour hommes
Les hommes vietnamiens ont également été influencés par la mode occidentale durant la période coloniale. Les costumes et les cravates, introduits par les Français, sont devenus des symboles de statut et de modernité parmi les Vietnamiens. Ces vêtements étaient portés lors des événements officiels et des réunions importantes.
Les chapeaux en feutre, ainsi que les montres de poche et autres accessoires masculins européens, ont également été adoptés. Cependant, seuls certains groupes sociaux pouvaient se permettre de les porter.
Sur l’infracstructure
Sur l’architecture
La ville française au Vietnam
Le style architectural pré-colonial
Le style architectural pré-colonial a commencé à se former avec la création des concessions, comprenant des maisons de travail et des résidences pour les officiers et les soldats français. Dans le but de créer des espaces adaptés pour échapper à la chaleur étouffante de l’été, les ingénieurs français ont conçu un style architectural tropical rudimentaire, caractérisé par de larges vérandas entourant les espaces principaux.
L’influence de l’architecture française ancienne au Vietnam a commencé avec les bâtiments de style pré-colonial, qui présentent souvent un plan rectangulaire. Ces constructions sont caractérisées par de larges vérandas entourant le bâtiment principal. Les maisons sont généralement à deux étages, avec des planchers du deuxième niveau soutenus par des poutres en acier et des dalles de briques au-dessus. Les toits sont en pente, recouverts de tuiles ou de tôles. Les murs de la toiture sont en briques et servent à décorer la façade, avec des ornements simples. Les vérandas autour de la maison présentent des courbes en arc ou semi-circulaires avec des voûtes en plein cintre.
Parmi les exemples représentatifs de l’architecture française ancienne de la période pré-coloniale figurent le Musée de l’Histoire Militaire, l’Hôtel de Ville, ainsi que certains bâtiments médicaux situés dans le complexe de l’Hôpital Militaire 108 et l’Hôpital de l’Amitié.
Le style architectural néoclassique
Le style architectural néoclassique a été largement utilisé dans les constructions résidentielles au Vietnam. Avec l’augmentation des besoins en construction, les Français ont commencé à appliquer les styles académiques en vogue en France à leurs projets vietnamiens. Ce style néoclassique est représentatif de l’influence de l’architecture française ancienne au Vietnam pendant cette période. Il se caractérise par une élégance sobre et une utilisation raffinée des éléments classiques, tels que les colonnes, les frontons et les moulures, intégrés dans les bâtiments résidentiels vietnamiens.
Le style architectural local français
L’influence de l’architecture française ancienne sur le Vietnam durant cette période se manifeste à travers des constructions inspirées du style local du nord de la France. Ces bâtiments se distinguent par leurs toits à forte pente, à l’inverse des toits à pente modérée typiques de Paris. Les structures locales présentent également des éléments ornementaux tels que des poutres en bois sculptées soutenant les toits qui débordent des murs.
Cependant, les bâtiments d’architecture locale française construits à Hanoï ne sont pas des répliques exactes de ceux trouvés en France. Ils ont été adaptés pour répondre aux besoins pratiques et fonctionnels du climat vietnamien, avec une simplification des ornements originaux.
Exemples représentatifs :
- Grand Lycée Albert Sarraut (1B Hoàng Văn Thụ)
- Petit Lycée (8 Hai Bà Trưng)
- École des Filles Françaises (58 Trần Phú)
- Certaines villas dans le quartier de Ngoại Giao Đoàn
Ces constructions illustrent comment le style architectural français a été modifié pour mieux s’adapter aux conditions locales tout en conservant des éléments clés du design régional français.
Le style Art Deco
Le style Art déco, né après la Première Guerre mondiale, a été largement appliqué dans la conception de divers bâtiments à Hanoï. Ce style se caractérise par ses formes géométriques élégantes et ses ornements stylisés, offrant une esthétique moderne tout en conservant des éléments décoratifs raffinés.
Exemples de réalisations Art déco à Hanoï :
- Agence de la Banque de l’Indochine
- Imprimerie IDEO (Tràng Tiền)
- Compagnie AVIA (Trần Hưng Đạo)
- Bureau de Poste (Đinh Lễ)
- Bâtiments au 91 Đinh Tiên Hoàng
- Nombreuses villas, notamment dans le quartier de Ba Đình et le long des rues Bà Triệu et Hàng Chuối
Ces édifices, avec leur style Art déco distinctif, illustrent la transition vers une esthétique plus moderne au Vietnam, mêlant fonctionnalité et élégance dans un contexte urbain en pleine évolution.
L’architecture Art déco a commencé à se développer à Hanoï dans les années 1920, avec une forte expansion dans les années 1930. Cette rapide adoption témoigne de l’évolution rapide de l’architecture française au Vietnam. Les bâtiments construits dans ce style se caractérisent par l’utilisation de formes géométriques classiques, telles que des blocs carrés et rectangulaires combinés avec des formes semi-circulaires. De plus, ils présentent des éléments décoratifs en acier travaillé ou des motifs en relief réalisés en ciment ou en stuc.
Le style architectural indochinois
Ce style de conception utilise fréquemment des éléments et des détails architecturaux traditionnels vietnamiens et khmers pour créer des toits et des auvents pour les fenêtres. Il intègre également diverses colonnes, toitures et systèmes de fenêtres permettant l’entrée de lumière naturelle et la ventilation.
Exemples représentatifs :
- Le bâtiment principal de l’Université de l’Indochine (Lê Thánh Tông)
- Le Département des Finances
- Le Musée Louis (Phạm Ngũ Lão)
- L’Institut Pasteur
- Le Club des Marins (Trần Phú)
Ces constructions illustrent l’harmonisation des influences européennes avec les traditions architecturales locales, créant des œuvres à la fois fonctionnelles et esthétiques.
Le style architectural franco-chinois
Le style architectural franco-chinois à Hanoï se manifeste principalement dans les demeures et villas. Les maisons conçues dans ce style sont souvent dotées d’un grand jardin à l’avant, aménagé avec des arrangements paysagers. Les toits sont inclinés, recouverts de tuiles en céramique, avec des coins arrondis et des décorations élaborées. Certains bâtiments présentent des colonnes rondes avec des supports latéraux, tandis que les éléments décoratifs mettent en avant des motifs d’inspiration chinoise traditionnelle.
Exemples représentatifs :
- Le Palais du Gouverneur Général Hoàng Trọng (Hoàng Diệu)
- La villa au 26 Phan Bội Châu
- Le restaurant Thủy Tạ
- Certaines villas situées sur les rues Phan Đình Hùng, Quán Thánh, etc.
Le style néogothique
Le style néogothique à Hanoï, principalement observable dans les églises, s’inspire de l’architecture gothique française mais est simplifié. Ce style se caractérise par une disposition en forme de croix, une façade en trois parties avec la partie centrale servant d’entrée principale, souvent surmontée d’une fenêtre en forme de rose. Les deux côtés de la façade comportent des entrées secondaires avec des clochers au-dessus.
Cependant, contrairement aux églises gothiques françaises, qui présentent de nombreux éléments décoratifs, les églises néogothiques de Hanoï sont plus austères. Elles se concentrent principalement sur les fenêtres en arc brisé de style gothique, sans ornements supplémentaires, ce qui donne un aspect plutôt dépouillé.
Exemples représentatifs :
- L’église de Hoàng Mai
- L’église de Làng Tám
L’architecture moderne du XXIe Siècle
L’architecture, qu’elle soit ancienne ou moderne, laisse toujours une empreinte intemporelle. Elle témoigne à la fois de l’évolution de la société et des bouleversements historiques qu’elle a traversés. De même, l’architecture moderne se révèle comme un reflet de notre époque et de notre prospérité. Elle constitue un indice précieux pour les générations futures, montrant comment la société a progressé et évolué au fil du temps. Chaque période, chaque civilisation est marquée par des mouvements culturels innovants et dynamiques.
L’architecture moderne est souvent associée aux gratte-ciel, un style architectural « ruche » où de nombreuses familles et générations cohabitent dans de petits appartements au sein d’un grand immeuble. Pour répondre aux exigences de l’architecture contemporaine, l’industrie des matériaux a également évolué, offrant des solutions innovantes adaptées à divers espaces. Que ce soit pour des appartements compacts ou des espaces plus vastes comme les restaurants, hôtels et complexes touristiques, les matériaux de construction modernes sont conçus pour allier fonctionnalité et esthétique.
Nos derniers mots,
Les traces laissées par la colonisation française sont à la fois riches et complexes, bien que teintées de conflits, et coexistent aujourd’hui avec une identité nationale forte, illustrant un Vietnam où le passé colonial et la culture locale peuvent se mêler harmonieusement.
Ly Ngoc Hien + Laetitia Phương Hà TRẦN (AucoeurVietnam – Agence de voyage locale au Vietnam)